Dans son dernier numéro,la Paris Review, revue littéraire new-yorkaise,publie une interview de Michel Houellebecq (1). Pour son directeur, Lorin Stein, le Goncourt 2010 est l'auteur français le plus influent outre-Atlantique depuis bien longtemps.
Michel Houellebecq est-il très connu au Etats-Unis ?
Il est de loin l’écrivain français le plus connu en Amérique aujourd’hui. Il est même l’un des auteurs étrangers les plus renommés, parmi ceux qui n’écrivent pas en anglais. Il a touché ici toute une génération - les 30-40 ans - et certainement pas de la même façon qu’en France. Depuis le début, les Américains l’ont considéré comme un auteur comique, très drôle . Il représente très bien cette tradition française qui nous importe, comme Balzac. Cette préoccupation éternelle sur la bataille des sexes et cette volonté d’être du côté du cynisme plutôt que du sentimentalisme. Il y a toujours eu quelque chose de très particulier dans la littérature française qui n’existe pratiquement pas dans la littérature anglo-saxonne. Ce rapport à l’anti-héros, avec ses angoisses sur l’âge et sur le sexe.
Comment son style cru, très personnel, est-il perçu ?
Je pense qu’il a un style qui se traduit très bien en langue anglaise. La «laideur» de son style ne nous choque pas. En fait, peut-être que la copie originale, en français, est plus choquante. Mais il y a autre chose: C’est un écrivain étranger, donc il peut être très cru aux Etats-Unis. Cela nous semble plus lointain. C’est toujours plus facile de choquer par rapport à une situation qui se déroule dans un autre pays plutôt que si vous êtes