Cette biographie fouillée d’un des plus grands alpinistes, René Desmaison, se lit comme un roman d’aventures. On dévore ces 300 pages, on scrute les photos, captivé par l’enquête d’Antoine Chandellier nourrie de témoignages et de dialogues enlevés. L’entreprise était délicate car René Desmaison, mort en 2007, reste un mythe dont les premières éblouissantes ont inspiré les vocations de nombre d’alpinistes, mais aussi une personnalité controversée : un Périgourdin installé à Chamonix, virtuose arrogant et individualiste ; un pionnier de l’alpinisme hivernal célèbre pour ses exploits, mais aussi le premier à «professionnaliser» la montagne, à médiatiser ses aventures, et le protagoniste de drames qui firent la une des journaux. Dont la tragédie qui constitue l’épine dorsale du livre.
En 1971, Desmaison et le jeune Serge Gousseault passent onze jours à flanc de paroi dans les Grandes Jorasses, saisis par la tempête et le froid. Quand les secours arrivent, et alors que le drame tient la France en haleine par télévision interposée, seul le guide est vivant. La fracture est alors totale entre Desmaison et les responsables chamoniards des secours : l’alpiniste les accuse d’avoir tardé à intervenir, eux assurent que l’orgueilleux a volontairement retardé le moment de les appeler et préjugé de l’expérience de son compagnon de cordée.
Pour comprendre comment Desmaison a pu se fourvoyer dans cette hivernale et trouver les ressorts de cet homme rebelle, l’auteur explore son enfance et sa v