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Critique

Essai. Les dons de l’oncle Sam

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publié le 13 novembre 2010 à 0h00

L'apparition des fondations américaines, au début du XXe siècle, marque l'invention de la diplomatie philanthropique. Et leur histoire fait l'objet d'un livre, l'Argent de l'influence. L'une des premières, la Dotation Carnegie pour la paix, fondée par le magnat de l'acier Andrew Carnegie, avait pour but d'établir une paix durable grâce au développement d'un droit international encore embryonnaire et à l'aide des milieux pacifistes européens. La paix et la démocratie sont les conditions du marché. Outre l'exfiltration des scientifiques et intellectuels européens pendant la Seconde Guerre mondiale, l'une des principales contributions de la Fondation Rockefeller en Europe sera l'aide massive à la London School of Economics (LSE). Face à «Oxbridge», la LSE apparaît comme un modèle alternatif, on y étudie le monde contemporain.

Même si la Fondation Ford vise à mettre en place après-guerre un «plan Marshall intellectuel» pour lutter contre le communisme, cette étude montre les interactions entre élites américaines et européennes et permet de comprendre que l'apport des fondations n'est pas la simple importation d'un modèle mais un vrai circuit d'échanges.

Les auteurs soulignent aussi les liens entre fondations et diplomatie américaine : un président de la Rockefeller deviendra secrétaire d'Etat sous Kennedy, et l'un des conseillers de JFK pour les affaires étrangères dirigera la Fondation Ford. Cette traversée du siècle nous amène aux années 90 et à l'Op