Menu
Libération

Vivre d’amour et d’os frais

Article réservé aux abonnés
publié le 18 novembre 2010 à 0h00

Cet étonnant petit roman d'amour (qui ne coûte que 7,50 €) devrait être dévoré par deux catégories de lecteurs : ceux qui aiment les chiens et ceux qui ne les aiment pas. L'héroïne en est ce chien encore sans nom qui surgit dès la première phrase et qui est en fait une chienne et s'appelle Niki. Niki est paru en Hongrie en 1955 (l'intrigue débute en 1948) et est sous-titré l'Histoire d'un chien. Les textes littéraires, quand ils mettent en scène des animaux, les utilisent généralement pour faire comprendre, par opposition, quelque chose de l'homme. Une des caractéristiques de Niki, livre léger et bouleversant, joyeux et ironique, drôle et épouvantable, consiste à plutôt réunir Niki et ses maîtres, à rassembler les sentiments de la chienne et de l'homme et de la femme qui l'hébergent, à décrire une sorte d'essence de l'amour qui vaudrait pour toutes les espèces. Les Ancsa, ce couple si moralement inattaquable qui accueille Niki, ont vu leur fils unique mourir au combat. Ils savent comme l'amour peut être un «fardeau sentimental» et veulent se garder de «l'affection délibérée» de la chienne. L'ingénieur «croyait devoir éprouver, à l'égard des bêtes, voire des plantes, le même sentiment de responsabilité qu'à l'égard de son prochain». C'est pourquoi il ne veut pas de Niki. Mais elle veut de lui et de sa femme. Comment cette chienne pourrait-elle l'aimer alors qu'elle ne le connaît pas ? C'est qu'elle le connaît, puisqu'il a