Il y a une quarantaine d'années, personne n'aurait misé beaucoup sur la figure de l'ancien combattant de 14-18, aïeul encombrant au patriotisme ringard. Depuis vingt ans, cette image s'est totalement retournée, jusqu'à faire du poilu une icône majeure. En 1995, sur l'initiative de Jacques Chirac qui avait décidé d'attribuer la Légion d'honneur aux survivants des tranchées, débuta un recensement national qui se mua progressivement en compte à rebours, puis en quête du «dernier poilu» L'affaire s'acheva en mars 2008 avec la mort de Lazare Ponticelli, pour qui fut organisée une cérémonie officielle. On perçoit bien sûr l'enjeu politique d'une telle opération, mais elle doit aussi à l'étonnante et croissante actualité de la Grande Guerre. C'est à cette «présence renouvelée» qu'est consacré l'ouvrage concis, mais bien documenté, de Nicolas Offenstadt.
Mutins. Il existe en effet depuis une vingtaine d'années un véritable «activismemémoriel» autour du premier conflit mondial. Trois sources l'alimentent. La première est généalogique et pousse les petits-enfants des combattants à investir l'histoire et les archives familiales. En témoigne l'extraordinaire succès de Lettres de poilus (300 000 exemplaires vendus dans l'édition Librio de 1998) ou le train continu de publications de carnets de combattants. La seconde source est locale : dans toute l'ex-zone des combats ont fleuri les initiatives émanant d'associations ou d'élus