Selon David Bell, les périodes révolutionnaires et, plus encore, napoléoniennes ont «vu apparaître une attitude fondamentalement nouvelle en Occident vis-à-vis de la guerre», dont nous sommes encore aujourd'hui les témoins. Pour l'historien américain, cette nouvelle attitude se caractérise par le rêve d'établir une paix perpétuelle, chaque nouvelle guerre, en conduisant à la destruction complète de l'ennemi, devant être la «der des der».
Gloire. Pour mieux comprendre cette nouveauté, David Bell l'oppose à la situation qui prévaut au XVIIIe siècle. La guerre est alors considérée comme un phénomène inévitable et ordinaire, tant les conflits sont nombreux durant le siècle. Les princes européens, au premier rang desquels Louis XIV, sont persuadés que leur gloire présente et future dépend d'abord de leurs succès militaires. David Bell ne nie pas le caractère sanglant de certaines grandes batailles, comme celle de Fontenoy en 1745, mais depuis la fin des terribles guerres de religion, les batailles sont en général de faible importance et les civils le plus souvent épargnés. La culture aristocratique de la guerre lui fixait des limites. Un signe de cette retenue est la diffusion au XVIIIe siècle de la doctrine du droit naturel de Hugo Grotius, l'état de guerre ne donne pas tous les droits, en particulier à l'égard des prisonniers. Ce sont paradoxalement les Lumières qui mettent à mal cette représentation pragmatique et civilisée (contr