Les textes de Jan Jacob Slauerhoff, né en 1878 et mort en 1936, sont des récits d'aventure décharnés auxquels il ne reste que la peau sur les mots. Il y a toujours mille événements mais dont il est rendu compte avec une telle sécheresse que c'est cette perception même qui devient l'événement principal et le plus aventureux. A raison d'un volume par an, les éditions Circé s'emploient à faire connaître en France l'œuvre étrange de cet étrange médecin et marin néerlandais : après les deux romans la Révolte de Guadalajara et le Royaume interdit (lire Libération du 2 octobre 2008 et du 24 septembre 2009), paraît aujourd'hui Ecume et cendre, recueil de 1930 de cinq nouvelles (il s'agit cette fois-ci de la réédition d'une traduction parue en 1975 aux Editions Universitaires).
«La catastrophe errante» : Daniel Cunin dit en postface de sa traduction du Royaume interdit que c'est ainsi qu'était surnommé Slauerhoff, «ce médecin incapable de se fixer sur le continent, cet amant toujours en chemin vers une autre femme, vers la même femme, à l'image du marin de la nouvelle "Larrios" dans Ecume et cendre». Et Cees Nooteboom en postface de la Révolte de Guadalajara : «Ecume et cendre, éternelle errance, le but à atteindre qui ne cesse de s'effacer à l'horizon, inaccessible, les océans, les déserts, des noms de lieux qui évoquent l'aventure, le nomadisme, bien entendu, c'est cela qui m'a attiré, qui me séduir