Comme dans un western d’antan, le bon l’a emporté sur le méchant : Barack Obama a succédé à George W. Bush. Tel est le film que beaucoup d’Européens, de gauche en général, ont cru voir se dérouler sur la scène internationale. Un président «unilatéraliste», croisé de l’Occident, brutal protagoniste de la «guerre contre la terreur», aurait été remplacé par un leader bienveillant, «multilatéraliste» et respectueux de ses partenaires, au premier desquels figure l’Europe. Ceux qui croient à ce naïf scénario liront avec profit le livre de Zaki Laïdi, directeur de recherches à Sciences-Po, l’un de nos très bons spécialistes des questions internationales.
La politique étrangère américaine, explique Laïdi, obéit à deux traditions. L’une est «messianique», l’autre «réaliste». La première voit dans les Etats-Unis une nation au destin exceptionnel, chargée de répandre sur terre les valeurs humanistes et démocratiques ; Woodrow Wilson ou Franklin Roosevelt en furent les hérauts les plus connus. La seconde se méfie de l’esprit de croisade et s’inscrit, à la manière des diplomaties classiques, dans un jeu d’équilibre entre les puissances nationales, chacune cherchant à promouvoir ses intérêts d’Etat en faisant passer au second plan les considérations idéologiques. Henry Kissinger fut son représentant le plus connu dans la période récente.
George W. Bush, nous dit Laïdi, fait partie de la première école de pensée, Barack Obama de la seconde. Mis en position de chef de guerre par le 11 Septemb