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Critique

Histoire points de couture

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publié le 27 novembre 2010 à 0h00

Rompant avec les vies de rois, princes ou empereurs dont le moindre mot est gravé dans l'Histoire, les Editions Perrin viennent de publier deux biographies de témoins de la cour au XVIIIe siècle. Il s'agit de celle de Germain de La Martinière, chirurgien de Louis XV, et de Rose Bertin, couturière de Marie-Antoinette. Les sujets sont bien choisis car l'un et l'autre illustrent deux «arts» en pleine mutation qui ne sortiront pas indemnes du grand bouleversement de la Révolution.

Avec Germain Pichault de la Martinière, «premier chirurgien de Sa Majesté», c'est l'univers des batailles, des amputations sans anesthésie et des hôpitaux mouroirs qui sont évoqués. Ce sont les tâtonnements d'une science pour qui la saignée reste le remède souverain (y compris pour les nourrissons qu'elle décime allègrement).

C'est enfin la guerre larvée entre deux corps ; celui pompeux et souvent ignare des docteurs en médecine et ces «chirurgiens-barbiers», «simples commis et serviteurs» des premiers. La Martinière jouera d'ailleurs un rôle fondamental dans l'évolution de sa profession.

Si ce premier volume est traversé par la maladie et la mort, le second livre, lui, n’est que dentelles, soieries et joailleries. Pourtant la vie de «Mademoiselle Bertin» aura des conséquences sur le destin de la France que son activité apparemment frivole ne laissait guère supposer. En réinventant la mode féminine, en multipliant les créations, toutes plus excentriques et onéreuses les unes q