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Libération
Critique

L’histoire désunie des Etats d’Amérique

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Howard Zinn raconte l’esclavage et la démocratie à l’attention des jeunes générations
par Cynthia Fleury, Professeure de philosophie à l’American University of Paris.
publié le 2 décembre 2010 à 0h00

Il est certain que les peuples ne peuvent se passer de leur propre légende. Mais sans doute faudra-t-il à l’avenir faire de la liberté des peuples, de tous les peuples, l’objet d’une historiographie critique qui ne s’assimile nullement à celle des peuples victorieux. Une histoire qui, souvent, raconte, encore et encore, une histoire à venir : celle de la liberté à naître.

Cette histoire de la victoire, cette histoire de la majorité, Howard Zinn (1922-2010), professeur émérite à l'université de Boston, n'a de cesse de la déconstruire et de faire entendre l'autre voix/e de l'histoire, celle des esclaves, des travailleurs, des immigrés, des femmes. Quand Marx rencontre Steinbeck, cela donne Zinn. Auteur d'une célèbre Histoire populaire des Etats-Unis (parue aux éditions Agone), il écrira par la suite, à l'attention des jeunes, cette version abrégée, mais non expurgée. Déboulonner les icônes de l'histoire n'est pas l'enjeu. Mais consacrer une histoire fortement hémiplégique, dont les trous noirs forment des béances d'autant plus dommageables pour les démocraties, ne peut satisfaire quiconque, et encore moins ceux qui sont à l'aube de la connaissance.

Perroquets. Alors le voilà, prenant d'assaut la contre-histoire de l'Amérique, le patriotisme n'ayant de sens qu'à la condition d'être critique. Avec 1492, la découverte des Etats-Unis s'inaugure dans le sang, bien loin de l'épopée héroïque de Christophe Colomb si souvent contée. Dans son journal de bord, le