Philosophie
Gilles Moutot Essai sur Adorno
Peu d'œuvres semblent résister autant que celle d'Adorno, partagée, entre autres, entre la Dialectique de la raison, écrite avec Horkheimer, la Dialectique négative et la Théorie esthétique, plus tardives, à la possibilité d'être présentées dans leur unité. C'est le défi que relève pourtant l'essai monumental de Gilles Moutot, en dégageant quelques-uns des traits spécifiques de sa pensée. Son parti pris est moins de reconstituer une doctrine que de mettre en perspective la façon dont la philosophie d'Adorno réarticule les rapports entre théorie, critique et réflexion, en accordant une attention privilégiée à la forme singulière de son écriture. Loin de se réduire à cette philosophie catastrophiste de l'histoire, à laquelle on a parfois voulu l'identifier, la pensée adornienne y apparaît comme portée par le souci de mesurer à quelles conditions l'autoréflexion critique de l'Aufklärung s'articule à la possibilité d'une praxis de l'émancipation.
Judith Revel Foucault, une pensée du discontinu
La singularité d'un philosophe se dessine au croisement de la solitude qu'il lui faut assumer et de la pluralité des histoires (politique, intellectuelle, artistique), dans lesquelles il reste pris. A ce titre, le «cas Foucault», inclassable, irréductible à toute forme d'appartenance, est exemplaire. Judith Revel le met en évidence dans un essai stimulant qui relève le défi difficile de proposer une «brève généalogie»