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Libération
Critique

Pont de salut

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Quatre adolescents entre défis et désirs, par Aidan Chambers
par Christian Godin, Université de Clermont-Ferrand.
publié le 2 décembre 2010 à 0h00

Jan a 17 ans. Il est sujet à des crises de «vagalame», angoissé par l'idée d'être installé, fatigué d'être un acteur dans des pièces écrites par les autres, las de faire semblant. Un jour il quitte tout, sa famille, ses études, Gill, sa petite amie, pour s'installer dans une bâtisse construite à l'entrée d'un pont et qui sert de poste de péage. Le propriétaire de cette «maison du pont» l'héberge en échange de ce travail : percevoir les péages. Vie de passage contre vie installée. Au début du roman, Jan voit débarquer une espèce de zonard bizarre qu'il appelle Adam et qui le squatte. Il fait aussi la connaissance de Tess, la fille du propriétaire. Nous sommes des ponts pour les autres, car vivre c'est sans arrêt passer à autre chose et pour cela il faut des points (des ponts) d'appui. Janus, le dieu romain aux deux visages opposés qui regardent dans deux directions inverses, apparaît aussi dans cette histoire comme un leitmotiv.

Aidan Chambers est un écrivain anglais, il a aujourd'hui 76 ans, et a travaillé à promouvoir la littérature pour enfants et jeunes adultes (1). Dans laMaison du pont qui vient d'être traduite en français une vingtaine d'années après sa parution en Angleterre, il s'est servi d'un bref apologue de Kafka («le Pont» dans la Muraille de Chine) comme d'une matrice narrative. Le roman ne se borne pas à mettre en scène un quatuor d'adolescents (le teen novel, qui est un genre de littérature en Angleterre, n'a pas d'