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Libération
Critique

Salman Rushdie, le feu de l’écriture

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Mort du père, naissance au monde : un conte cosmogonique
par Véronique Bergen
publié le 2 décembre 2010 à 0h00

Un conte philosophique est une machine à explorer le temps, l'espace, la vie, la mort par le biais des puissances de l'imagination. Vingt ans après Haroun et la Mer des histoires, Luka et le Feu de la vie explore les passages entre monde réel et monde magique au travers d'un récit de quête initiatique conçu à l'image des jeux vidéo. Afin de sauver son père, le conteur Rachid Khalifa, qu'un mauvais sort a plongé dans un sommeil sans fin, Luka doit traverser la frontière qui mène au Monde enchanté et en ramener le Feu de la vie, équivalent du Graal, d'un anneau bénéfique qui ne pourra s'obtenir qu'en franchissant des obstacles, des pièges de plus en plus ardus. Là où Siegfried réveilla la Walkyrie en traversant le cercle de flammes et en s'unissant à elle, pour délivrer son père métamorphosé en bel au bois dormant, Luka devra affronter des épreuves, résoudre des énigmes, conquérir des alliés en suivant la progression d'un jeu virtuel scandé en neuf niveaux. Les pouvoirs magiques que détiennent Luka, son frère, son père sont moins une maîtrise des forces occultes que la rançon d'une ouverture avide et impavide aux secrets de l'existence. Outil de connaissance de soi et du monde, médium d'un savoir ésotérique, l'art du surnaturel, du féerique, que professe Luka, ne va pas sans la conviction d'un libre arbitre, d'une capacité de choix que tout homme a à relancer en permanence. Aidé par son chien Ours, son ours Chien, le jeune héros de 12 ans se livre à une cours