Ettore Schmitz, vrai classique «moderne» sous un pseudonyme bien triestin, l'«Italien-Souabe», a eu le malheur de confier un jour à Valery Larbaud qu'il avait écrit à trois reprises le même roman, chacun affinant le précédant. Or comme la matrice de ces trois œuvres était la première, Une vie (d'abord intitulé l'Incapable) on n'a cessé de comprendre son chef-d'œuvre, la Conscience de Zeno, sous l'éclairage essentiellement biographique de ce premier livre et du suivant, Senilità, qui paraît ici dans une nouvelle traduction de Mario Fusco. Interprétation confortée par l'allure de confession psychanalytique donnée à Zeno, bien que Svevo n'ait cessé de se montrer réticent à l'égard de toute collusion trop étroite, comme en témoigne, dans le roman, la rupture du protagoniste avec son thérapeute. Il a eu beau écrire à Eugenio Montale, en 1925, que ce troisième ouvrage «est une chose très différente de mes précédents romans. […] C'est une autobiographie, mais ce n'est pas la mienne», rien n'y a fait, et la critique s'est emparée de toutes les ressemblances possibles entre Zeno et son auteur pour finalement réduire cette œuvre à un roman psychologique, dont l'originalité tenait surtout à l'entrée en littérature de la psychanalyse.
Etymologie. Est-ce bien cela qui a retenu l'attention d'un Joyce, lecteur précoce des textes de Svevo à qui il donna quelques leçons d'anglais ? De Larbaud qui se chargea de le