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Libération
Par Nicolas Rey

La nuit, je mens

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L’écrivain Nicolas Rey, abstinent depuis trois ans, est sorti, pour une fois, dans Paris devenue calme, non-fumeuse, bizarre. Il raconte drôlement ses aventures, de vernissages en night-club, jusqu’à la remise du prix de Flore.
par Nicolas Rey
publié le 4 décembre 2010 à 11h51
(mis à jour le 5 janvier 2011 à 11h42)
I : Paris est patchée de partout

20 heures
- Autant te prévenir tout de suite, a grincé mon avocat, tu n'as pas mis un pied dans la nuit parisienne depuis presque trois ans et certaines choses ont grandement changé.
- Cela ne fait pas encore trois ans. Cela fera trois ans le 7 janvier 2011.
- Autant pour moi.
- Il est impossible de t'en sortir avec « autant pour moi », ma tarte aux fraises multicolores. On peut rire avec beaucoup de choses. L'affaire Madoff, les déchets nucléaires et même la faim dans le monde mais on ne rigole pas avec les chiffres. Ma dernière caïpirinha date du 7 janvier 2008. Elle a été ingurgitée au Chào Bà, à Pigalle vers 10 h 15 du matin, est-ce que tu peux comprendre ça?
- Le Chào Bà n'existe plus, Nicolas. Il a été remplacé par un Tex Mex.   - Rude.
- Un Tex Mex non-fumeur.
- Et de quel droit cette franchise mexicaine s'autorise à être non-fumeur ?  
- Parce que Paris est devenu non-fumeur, Nicolas. Il est interdit de fumer dans les bars, les restaurants, les cafés, les boîtes, les gares et les pharmacies.
- Je savais pour les pharmacies.
- Cette ville est patchée de partout. Le soir, à l'extérieur des établissements privés, des enfants fument par petits groupes des cigarettes, sans faire de bruit, pour ne pas déranger le voisinage.
- De quel voisinage parles-tu ?
- Paris est à présent peuplé de « voisins », Nicolas. Mais ce n'est plus ton voisin d'avant. Celui à qui tu allais taper du poppers à 4 heures d