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Libération

Commentaires à terre

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publié le 9 décembre 2010 à 0h00

Echantillon de «Commentaires client» laissés sur le site d'Amazon à propos d'un roman qui fut récompensé l'an dernier par un prix important : «Mère Ubu, passez-moi le croc à merdre que j'enlève cet étron qui obstrue la canalisation…» (par «Siam»). «Le bouquin ne vaut rien, n'est que du rien, et ce n'est même pas un roman, [ni] a fortiori de la littérature. Juste une série de lieux communs et de slogans publicitaires. Comment peut-on éditer une telle ânerie ?» (par «Prudhomme JF»). «Et croyez-moi, ô lecteur, c'est un auteur qui vous parle : quand vous devez croiser l'ectoplasme en chair et en os, comme cela m'est arrivé à quelques reprises, les neurones vous en tombent. Il est encore plus pénible à l'oral qu'à l'écrit» (par «Magicien L»).

Peu importe le nom du romancier qui se trouve ainsi habillé pour l'hiver : beaucoup d'écrivains et d'essayistes, bons ou moins bons, célèbres ou pas, se font agresser pareillement sur le site. Après tout, le commentaire est libre, et parfois mérité. Il arrive cependant que des auteurs se rebiffent, s'estimant victimes d'un véritable harcèlement ou soupçonnant un concurrent de venir dénigrer leur travail. En début d'année, l'historien Simon Winder a réussi à faire effacer par Amazon une critique très sévère de son ouvrage Germania, après avoir découvert que celle-ci avait été rédigée (anonymement) par une collègue de l'université d'Oxford. Menacé de poursuites judiciaires, un autre historien, Orlando Figes,