Roman
Dmitri Bortnikov Le syndrome de Fritz
«Je pourris entre ces quatre murs. Dans l'espèce de serre tropicale qui me fait office de chambre. Ça sent la charogne, ici. De vieux bouquets ressuscitent par enchantement.» Vénéneux à souhait, interlope et gargantuesque, le premier roman de Bortnikov (qu'on avait applaudi pour Svinobourg en 2005) vient d'être traduit. Il avait reçu en 2002 le Booker Prize russe. En partant d'un squat d'émigrés à Paris, le narrateur remonte dans ses souvenirs faisandés, passant de la maternité où travaillait sa mère aux abattoirs puis à l'expérience de la Légion étrangère en Arctique, le tout semé de morts et d'embrassades masculines épuisées. Une épopée aux accents céliniens de la scatologie des âmes et des corps : «Il n'y avait pas une once de tragédie en nous. Nos morts mêmes n'avaient rien de tragique. Nos suicides n'avaient rien de tragique.» E. Lo.
Nouvelles
Alain Le Grand Promenades en zone rouge
Difficile de sortir indemne de ces onze nouvelles censées se dérouler dans «un pays imaginé». D'autant que les acteurs de ces tranches de vie en équilibre instable n'apparaissent pas comme des personnages de fiction. Une famille de paysans expulsée de sa ferme par un groupe de paramilitaires, un commissaire de police pervers et corrompu, un journaliste assassiné, un tortionnaire qui découpe ses victimes à la machette, un prêtre qui accepte l'argent des narcotrafiquants pour venir au secours des orphelins… Le pays imaginaire d'Alain