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Libération
Critique

«Que ça brille !»

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Portrait d’un jeune peintre hollandais en amoureux transi et laveur de carreaux chez les vieux
publié le 9 décembre 2010 à 0h00

Boni passe beaucoup de temps à nettoyer les vitres et la merde. Les vitres, parce qu'il peut y peindre des tableaux imaginaires, ceux qu'il n'arrive pas à peindre sur les toiles de son atelier. La merde parce que, quand la tête commence à dysfonctionner, une des premières conséquences, c'est la perturbation de la propreté, celle du corps et de ce qui l'entoure. Boni est aide à domicile à Amsterdam, il est envoyé par les services municipaux faire le ménage chez ceux qu'on appelle personnes âgées dépendantes, en clair, des vieux qui ont commencé à lâcher la rampe. Boni a fait les Beaux-Arts, c'est un jeune peintre qui n'arrive pas à peindre et un jeune homme qui n'arrive pas à garder ses petites amies. Boni est déprimé, il trouve une satisfaction un peu maso et très obsessionnelle à affronter toilettes souillées, draps maculés et cuisinières encrassées. «Envoyer une giclée bien ajustée de crème à récurer dans le lavabo, passer l'éponge grattante, nettoyer à l'eau savonneuse le support de la brosse à dents […] tout ce rituel, nommons-le zen, vise un résultat un seul : que ça brille !»

Bizarrement, ce livre construit comme un recueil de nouvelles dont chacune a pour héros un de ces vieillards déclinants n’est pas vraiment glauque. En plus d’être une chronique drôle, bienveillante et très crue du grand âge, c’est aussi un excellent portrait sociologique d’Amsterdam.

Boni s’est fait larguer par sa copine, il a une relation entièrement fantasmatique avec une jeune Kirghize,