Histoire
Paul Teyssier Maisons closes parisiennes. Architectures immorales des années 1930
En 1934, Paris compte 32 maisons de tolérance et plus de 150 maisons de rendez-vous. C'est ce patrimoine oublié, négligé par les Monuments historiques et presque entièrement détruit après la fermeture de 1946, que le livre de Paul Teyssier s'attache à restituer. Fort d'une très belle documentation (archives de la Préfecture, photographies, plans des lieux, guides roses, etc.), l'ouvrage nous entraîne dans un périple qui est d'abord celui d'un étonnant «programme architectural». Car si certains de ces immeubles à «gros numéro» n'étaient que de sordides taudis de l'amour (à l'instar du Fourcy ou du 106 boulevard de la Chapelle), d'autres occupaient de luxueux hôtels particuliers, transformés en véritables «maisons d'illusions». C'était le cas du Sphinx, bordel haut de gamme du boulevard Edgar-Quinet, du Chabanais, du One Two Two (rue de Provence) ou de nombreux autres établissements au nom évocateur : Cytheria, La Lune, La Grotte des hirondelles. Dans ce Paris du plaisir (dominé par les IIe, IXe et Xe arrondissements), les plus célèbres maisons avaient l'allure de palais pompéiens : halls et escaliers monumentaux, fresques et mosaïques, piscines enchantées. Les chambres à thème étaient la règle. Rue des Moulins, on pouvait opter pour le temple hindou, la chambre ducale ; au Chabanais pour l'igloo, la cabine de paquebot ou le boudoir japon