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Libération
Critique

Superproduction italienne

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Paul Veyne met en scène son «musée imaginaire»
publié le 16 décembre 2010 à 0h00

Paul Veyne, honorable professeur honoraire au Collège de France, est un des plus grands historiens de l'antiquité romaine. Sa vision en cow-boy ne va donc pas de soi. C'est pourtant lui qui nous invite à cette jolie stupeur lorsque dans le prologue à son Musée imaginaire, il convoque la figure, à ses yeux déssillante, de Malraux et de ses «rodéos» dans l'histoire de l'art. Autrement dit, cinq siècles de peinture italienne (de Giotto à Tiepolo), «une épidémie de génie» qui se répand du XIVe au XIXe siècle, chevauchés sinon domptés par un cavalier inspiré. Cette anthologie en effet est une cavalcade et son cavalier éclectique, un sacré cavaleur.

Sous-bois. Sur le chemin de randonnée où Paul Veyne nous sert de guide accorte, chacun pourra, selon son gré, faire de temps à autre une halte, fatigué par quelque mobilisation de gai savoir, y revenir ultérieurement, ou, plus aventurier, quitter le sentier battu, battre la campagne, s'attacher aux arrière-pays d'un tableau, lorgner vers un sous-bois propice, le repos d'une clairière où soupire quelque guerrière, ou bien, ma foi, se perdre. Ce livre amoureux et bienveillant autorise que l'amour soit une perdition. On peut aussi, comme pour parer au plus pressé, se ruer aux chefs-d'œuvre des chefs-d'œuvre, aux tops du hit-parade, et se demander, animé d'une curiosité a priori malveillante, ce qu'on peut bien écrire qui n'ait pas été écrit sur le Printemps de Botti