C'est rare, un livre qui ne soit pas de poésies et qui donne pourtant envie de rêvasser et chanter. Ou de ne parler qu'en chantant. Ou de danser dans les rues avec des marins qui font de bons amants, ou de se bricoler un fourreau dans un long-métrage de tissu rouge «même si ça fait un peu pute», ou de suivre, de Venise à Java, un prince très charmant, ou de s'halluciner en fée psychanalyste un peu réac qui aime rappeler qu'on n'épouse jamais ses parents. Ce livre enchantant c'est le Jacques Demy coécrit par Marie Colmant (journaliste polymorphe) et Olivier Père (critique de ciné, présentement directeur du Festival de Locarno). Un Jacques Demy déjà de référence, un usuel, qu'idéalement il faudrait lire en manoir et en robe de princesse, ouvert sur un lutrin puisqu'il est autant un grimoire qu'un livre de recettes, un presque millefeuilles (280 pages). C'est un précis de sortilèges puisque les films de Jacques Demy, «entre bateau ivre et raison», comme il l'écrivit dans une de ses poésies, autorisent toutes les fantaisies, bien des folles du logis.
Partitions. Chacun des 17 films de Demy (courts ou longs) a droit à son résumé, son iconographie souvent inédite (les tests pour les costumes des Parapluies de Cherbourg, les photos de plateau et de famille sur le tournage de Peau d'âne ou du Joueur de flûte), ses partitions du cher Michel Legrand, ses analyses instruites et inspirées (l'aspect b