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Critique

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Le cahier Livres de Libédossier
La philosophie virtuose de Jankélévitch à la recherche de l’insaisissable
publié le 30 décembre 2010 à 0h00

On tiendrait pour rhétorique la question de la présence de Vladimir Jankélévitch, si, par là, on voulait indiquer la place, notable, qu'il a dans la philosophie contemporaine - que nul ne conteste. On la considérerait plus conjoncturelle, et de bonne guerre, si elle renvoyait à tout un ensemble d'activités (journées d'études, publications…) qui la sauvent des oublis momentanés, et la réactualisent : c'est le cas de Présence de Vladimir Jankélévitch, ouvrage collectif issu d'un colloque à l'ENS (Elisabeth de Fontenay, Lucien Jerphagnon, Frédéric Worms, Alain Le Guyader, Michèle Le Dœuff…), et enrichi de textes du philosophe devenus introuvables.

Quel que soit le sens qu'on adopte, parler de présence à propos de Jankélévitch fait cependant problème. D'abord parce que son nom est bien plus «présent» que son œuvre. Celle-ci a fleuri dans des jardins étranges où l'on voyait déambuler Plotin et Pascal, Gracian, Fénelon, Bergson, Schelling, Angelus Silesius, saint François de Sales ou Chestov, et jamais les «grands prêtres de la pensée moderne», pas même Freud, Marx ou Heidegger. Désormais elle suscite un fort intérêt, à l'étranger comme en France, notamment chez de jeunes penseurs : mais cela ne fait pas oublier que, longtemps, parce qu'«inactuelle» justement, hors piste, elle resta inaperçue, ignorée… Il est d'ailleurs cocasse de voir tel philosophe faire, encore aujourd'hui, comme si l'œuvre de Jankélévitch «n'existait pas» et publier des livres sur l'amour ou l