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Libération

Ténèbres du présent

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publié le 6 janvier 2011 à 0h00

Une année qui commence par la mort d'Albert Raisner (c'était le samedi 1er janvier) est rarement une très grande année. Le compositeur Darius Milhaud en avait eu l'intuition dans sa belle préface donnée au Livre de l'harmonica, ouvrage que Raisner fit paraître aux Presses du temps présent en 1961. Cinquante ans se sont écoulés depuis, et chaque fois que l'animateur d'Age tendre et tête de bois a disparu, la planète a effectivement connu des moments difficiles. Maintenant qu'il est mort pour de bon, l'Australie se retrouve sous l'eau, l'Union européenne est présidée par la Hongrie et un TGV pour Nantes a fini à Rennes.

Pourtant, malgré ces drames, malgré la vacance de la pensée qui frappe notre époque, malgré la vacuité intellectuelle qui en est le trait cardinal, des lueurs d'espoir tremblotent devant nous. D'abord, Indignez-vous !, de Stéphane Hessel, s'est bien mieux vendu qu'On a raison de se révolter du trio Gavi-Lévy-Sartre, lequel pointait un horizon similaire quoiqu'en suggérant des moyens différents d'y parvenir. Ensuite, il est légitime de penser que bientôt, inévitablement, quelque part, un neurone va se mettre à frétiller de l'axone, quand bien même cela se produirait par hasard. Dans la gelée translucide et bleutée où nous baignons depuis tant de mois et peut-être d'années, cet éclair de pensée aura la dimension d'un séisme. L'événement pourrait se produire le 13 ou le 14 octobre à Lyon où, à l'initiative du groupe Ma