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Libération
Critique

Shin Bet n’est pas Mossad

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La société israélienne à travers un polar dont le héros est un agent ordinaire
publié le 13 janvier 2011 à 0h00

Le sujet de ce roman est (relativement) simple : en pleine vague d'attentats-suicides, un agent du contre-espionnage israélien doit attirer en terrain neutre le responsable d'un réseau terroriste palestinien pour que ses collègues puissent l'exécuter. Pour arriver à ses fins, il tend un piège au milieu duquel il place un appât : le père du terroriste, un intellectuel palestinien, le «poète de Gaza», atteint d'un cancer du pancréas en phase terminale. Pour disposer l'appât au bon endroit, il lui suffira de manipuler Dafna, une intellectuelle israélienne pacifiste et amie de longue date du poète. Le Poète de Gaza, on l'a compris, est un thriller qui met en scène des agents secrets, mais pas seulement. Comme John Le Carré à l'époque de la guerre froide, l'auteur nous raconte des soubresauts géopolitiques à travers les relations d'un groupe d'hommes et de femmes ordinaires, sauf qu'ici, le héros de Yishaï Sarid est vraiment ordinaire. Contrairement aux héros de Le Carré qui gardent toujours un mystère irréductible et une britannité fondamentale, celui-ci nous ressemble vraiment à nous tous, hommes et femmes du début du XXIe siècle. Il emmène son petit garçon à la plage, il a une femme avec qui ça n'a pas l'air d'aller très fort et, les jours de déprime, il écoute dans sa voiture un CD de Sinatra acheté en solde. A part ça, notre héros et narrateur est agent du Shin Bet (le contre-espionnage israélien, jamais nommé et parfaitement décrit). Son job, c'