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Libération
Critique

Chimies de la nuit

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Une pilule pour tout réparer : insomnies, insatisfactions… La cure du romancier Robert Cohen
publié le 20 janvier 2011 à 0h00

Nuits insomniaques nous parvient avec dix ans de retard. Après Ici et maintenant (en Folio le 27 janvier), c'est le deuxième roman de l'Américain Robert Cohen à paraître en France. Soit l'histoire de Bonnie, une femme de 40 ans qui n'arrive plus à dormir. Un jour, elle apprend l'existence d'un médicament qui pourrait lui rendre ses nuits. Elle rencontre Ian, jeune psychiatre qui travaille sur le produit miracle. La voilà cobaye, avec l'excitation et les risques que cela comporte. Cohen s'attaque à l'industrie pharmaceutique, dans un récit plein d'esprit dont le sujet principal est le cerveau. Entretien.

Pourquoi l’insomnie ?

Je dors très bien, cette question ne m’obsède pas. En fait, l’insomnie est le résultat d’une réflexion plus globale. Quand j’ai commencé à écrire, à la fin des années 90, tout le monde autour de moi était sous Prozac. Or, de tous les gens que je connaissais, j’étais de loin le plus déprimé. Et je ne prenais rien. Je me suis dit qu’il y avait là quelque chose à fouiller. Il me fallait un angle. J’ai pensé à l’insomnie, et à l’idée d’une pilule pouvant la guérir.

Qui sont vos deux personnages principaux, Bonnie et Ian ?

Bonnie ressemble à beaucoup de gens que je côtoie : trop diplômée, frustrée par le décalage entre son parcours universitaire et son métier, coincée dans le système. Ses insomnies sont un symptôme de son mal-être. D’un autre côté, Ian, le chercheur, est plus jeune, plus idéaliste. Il pense encore qu’en travaillant dur, il pourra changer le monde. Il me ressemble quand j’avais 20 ans. Bonnie, c’est moi à