Menu
Libération
Critique

James Ellroy

Article réservé aux abonnés
Affamé de femmes
publié le 20 janvier 2011 à 0h00

L’

affirmation ne surprendra que ceux qui n'ont pas encore lu Ellroy, ou qui n'ont lu que ce qu'ils voulaient voir. Il y a du Julio Iglesias, du cœur d'artichaut, chez James Ellroy. De l'énamouré, du transi chez le graphomane white-trash qui depuis les années 80 domine le roman noir de toute son ambition enragée. Voilà ce que vient confirmer la Malédiction Hilliker, Mon obsession des femmes. Mais si le titre résonne comme une percée exhibitionniste, que l'amateur de croquignolesque ne s'emballe pas. Axes de la vie d'Ellroy, les femmes et l'écriture excluent chez lui quasiment toute autre forme de vie.Le sexe notamment, auquel Ellroy préfère la sublimation, lui qui a commencé avec les filles comme mateur et amateur de dessous dérobés en cambrioleur. Ellroy affirme et on le croit : «Essentiellement, je n'ai fait que méditer jusqu'à aujourd'hui. Je m'allonge dans le noir, je ferme les yeux et je réfléchis. Avant tout, je pense aux femmes. Assez souvent, je tremble et je sanglote. Mon cœur se gonfle au moment où des visages de femmes se fondent dans des aventures imaginaires improvisées dans l'instant. L'Histoire intervient. De grands événements publics se déroulent en contrepoint d'un amour profond. Des femmes entrevues prennent une importance égale à celle de maîtresses de longue date.» Ressasser, sanctifier les femmes, activité favorite d'Ellroy, «petit-fils de pasteur en rut». Ressasser dans le noir est tellement nécessaire à Ellroy, qu'il en tr