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Libération

Juan Benet, l’air de la guerre

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publié le 20 janvier 2011 à 0h00

«La cavalerie n'a plus de sens», estime un capitaine dès les premiers mots des Lances rouillées et Juan Benet, pendant près de 700 grosses pages, va s'intéresser à ce qui a un sens et ce qui n'en a pas pour ressusciter la guerre d'Espagne dans toute sa réalité et toute sa fiction. Trois parties du roman parurent entre 1983 et 1986 quoiqu'il demeure inachevé. Juan Benet, né en 1927 et mort en 1993, fut un des écrivains espagnols les plus respectés de son temps et une sorte de père des auteurs de la génération suivante (Javier Marias raconte dans sa préface comment Félix de Azúa, Vicente Molina Foix et lui-même interviennent en «clins d'œil» dans le texte). Dans sa brève «Note de l'auteur» introductive, lui dont le père fut fusillé dès le début de la Guerre civile définit comme le fruit «d'un renoncement et d'une démarche opportuniste» ces Lances rouillées dont le titre vient d'un poème de Miguel Hernández : «La mort, avec ses lances rouillées/ Et son habit de canon, parcourt les étendues désolées/ Où l'homme cultive ses racines et ses espoirs,/ Et elle y fait pleuvoir le sel, et fleurir les têtes de mort.» Juan Benet voulait écrire un livre sur la Guerre civile, a commencé à se documenter sur le sujet, avant qu'un texte de l'écrivain américain Shelby Foote sur la guerre de Sécession ne le convainque de «transformer ce projet en une longue narration qui décrirait toute la guerre réduite à un secteur isolé et, cela va sa