Menu
Libération
Critique

L’amour a ses roseaux

Article réservé aux abonnés
Deuxième roman de Pierric Bailly, dont le héros tente de se construire en sondant sa fragilité
publié le 20 janvier 2011 à 0h00

Luc passe sa nuit chez Maud, mais la ressemblance s'arrête à peu près là, si ce n'est que Michael Jackson (un roman garanti presque sans Jackson) est tout de même une sorte de conte moral et que Luc est étudiant en cinéma. Pour le reste, l'Auvergne est remplacée par le Jura et puis déplacée tout court à Montpellier, ville des amours de Luc et de Maud, étudiante aux Beaux-Arts et objet de désir dont l'obscurité renvoie le sujet masculin à sa propre inexistence. Cherchez la fille et perdez le garçon, car «quand elle gémit, je me demande toujours si c'est nouveau, si c'est mieux, ou si c'est l'homme en général. Si c'est la chaleur du corps, la peau, l'odeur, le sexe, les poils, le souffle, ou alors Luc, Luc et seulement Luc.»

Peau. Luc a bien raison de s'écrire trois fois puisque Michael Jackson est découpé en trois parties qui sont autant de répétitions d'une même situation : Luc et Maud s'installent en couple, à 18 ans, à 22 ans, à 26 ans, à la fois discontinus et à chaque âge conservant quelque chose du précédent dans le dépassement qui, euh, le constitue. Il y a du Bildungsroman là-dedans, Luc le narrateur observe le monde, tente de se fabriquer un héros, une peau dans laquelle il puisse affronter la société des jeunes de son âge, lui qui parle comme un livre atemporel et porte un prénom né vers 1960 - comme tous les autres personnages : Maud, Martin, Claire, Ronan, Phil, Juliette, Maria. Ce qui fait que le portrait de cet