Les jurés Goncourt sont attablés chez Drouant pour leur repas mensuel lorsque, soudain, la porte du salon s’ouvre avec fracas, probablement sous l’effet d’un violent coup de pied. Régis Debray, élu au couvert de Michel Tournier, entre avec un long paquet sous le bras.
Régis Debray : Hola compañeros !
Edmonde Charles-Roux : Bienvenue parmi nous, Régis. Si vous voulez bien refermer la porte et prendre place…
Le nouveau juré va droit vers la table et balaye d'un revers de la main gauche fourchettes, couteaux, assiettes et autres accessoires du «7e couvert». Il jette sur la portion de nappe ainsi libérée son paquet, grossièrement fait avec du papier kraft.
Régis Debray : Sabemos hoy, sólo leyendo los periódicos, que el momento crucial para una guerrilla es el de su entrada en acción…
Edmonde Charles-Roux : Cher Régis, bien que nous ne soyons pas ici à l'Académie française, nous essayons de…
Régis Debray : Patrick, est-on dans un lieu sûr ?
Patrick Rambaud : Sûr et paisible, jusqu'à ton arrivée, Régis.
Régis Debray extrait du papier kraft une kalachnikov AK-47, enclenche un chargeur et tire une rafale vers le plafond. Un lustre s’abat sur une soupière en porcelaine de Sèvres, libérant un flot de bisque de homard qui s’en va couler sur la jupe de Françoise Chandernagor.
Régis Debray : Et si tu nous roulais un petit pétard, Patrick ?