Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui : c’est l’art du roman et c’est Maxwell Sim, 48 ans, ancien VRP dépressif et homme abandonné qui n’a jamais lu Sartre même s’il a une sorte de nausée, mais à l’anglaise, en comique déballonné. Autour de lui, tout est sépia, précis et daté (sixties, seventies, eighties) : un roman de Jonathan Coe ressemble à une boutique d’objets manufacturés de seconde main, tout est vintage et plein de fantaisie. Le destin populaire des choses, en survivant aux hommes, révèle l’écrin dans lequel vivent les suivants.
Facebook. Max reprend la route pour vendre des brosses à dents au pays de son enfance. La brosse à dents, c'est la vie : on peut se passer de tout quand on voyage, sauf de ça. Et Maxwell Sim, justement, en est réduit à ça : je brosse mes souvenirs, donc je suis. Sa mère est morte il y a longtemps. Son père vit seul en Australie, il n'a rien transmis à son fils. Sa femme est partie, fatiguée du loser. Elle voudrait devenir écrivain, c'est une autre manière de manquer sa vie. Sa fille envoie et reçoit une trentaine de textos par jour. Max a 71 amis sur Facebook, aucun ne lui écrit quand il revient à Watford, sa ville triste, celle où est né Samuel Johnson. La voix de son GPS le séduit. Il la baptise Emma, en mémoire du roman de Jane Austen, un livre qu'il n'aime pas. C'est une voix sans humeur, sans frustration, qui ne l'engueule pas quand il se trompe : «Ne me demandez pas d