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Libération
Critique

Bande dessinée. Apartheid de bonne famille

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publié le 22 janvier 2011 à 0h00

Il n'y a pas si longtemps, des enfants naissaient et vivaient en Afrique du Sud, séparés par les murs de l'apartheid. Karlien de Villiers, 35 ans, a grandi au Cap et observé avec ses yeux de fillette blanche une situation que son milieu, la classe moyenne blanche, vivait alors comme «normale». Dans Ma mère était une très belle femme, son premier roman graphique et autobiographique, elle raconte, avec des lignes claires et des dialogues percutants, le délitement du couple parental et le cancer qui a emporté sa mère, sur fond d'agonie de l'apartheid. Où l'on apprend que les petits Afrikaners traitent leurs camarades d'école anglais de «bites salées», parce qu'ils ont un pied en Afrique du Sud, l'autre en Grande-Bretagne et les parties génitales dans l'Atlantique. Ou que le Nobel accordé, en 1984, à Desmond Tutu a été plutôt mal vécu dans les banlieues blanches : «C'est typique, on donne le prix à ce kafir et la première chose qu'il fait c'est de réclamer des sanctions», commente la mère de Karlien.

Au début, son projet tenait en quelques pages, publiées dans la revue de BD sud-africaine Bitterkomix. Puis, les souvenirs remontant, c'est devenu un livre, dont la traduction française comporte un making of. Karlien de Villiers y parle de ses influences, parmi lesquelles Marjane Satrapi, dans la réalisation d'une œuvre à forte teneur thérapeutique, un peu à la manière du célèbre Country of my Skull de l'écrivaine afrikan