Quand un journaliste se lâche, tous aux abris ! Beaucoup doivent être soulagés de ne pas figurer dans sa galerie de Portraits crachés, expression à prendre ici au sens littéral, tant Denis Jeambar éructe l'émotion si longtemps refoulée face aux puissants.
A 62 ans, l'ancien patron de l'Express, retraité malgré lui, renonce définitivement aux dîners en ville. Pour pouvoir «dire à voix haute ce qu'il a parfois pensé tout bas» des influents de la République.
Et les balles sifflent. Nicolas Sarkozy : «Toutes les fois où j'ai eu l'occasion de le rencontrer, j'ai pensé à un sanglier, il bouffe ce qui se présente, piétine ce qu'il traverse, ne respecte aucun code et n'a peur de rien. Sauf, peut-être, de lui-même et de ces centimètres qui, à ses yeux, lui manquent.» Alain Juppé : un «pisse-vinaigre» qui a «avalé deux parapluies», rancunier, «droit dans ses bottes… jusqu'au reniement». Bayrou, «ivre de soi», comme Sarkozy. Villepin, «âme de pillard, sourire aux lèvres, culbutant les biens et les filles». Jospin, au cerveau «à la fois dévoré par l'orgueil et gorgé de convictions absolutistes». Martine Aubry : «Je lutte pour croire que son moteur n'est pas la méchanceté.»
Une petite pensée aussi pour son remplaçant à l'Express, Christophe Barbier, qu'il ne nomme pas : «Parfait connaisseur du rôle de Iago, verbe étincelant pour envelopper une pensée opportuniste».
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