On avait eu le flash l’an dernier en la rencontrant au festival de Bastia. Elle portait, gravés sur son poignet, les trois palmiers et la pyramide de l’album Boys don’t cry de The Cure, avec une larme ajoutée. Et comme on découvrait un autre tatouage à sa cheville, elle avait persiflé en souriant : «Je suis une mauvaise fille.»
Nine Antico, 29 ans, est la seule auteure a avoir deux albums dans la sélection officielle d’Angoulême. Et si ce n’est pas la seule de sa génération à raconter des histoires de filles, elle est une des rares en revanche à ne pas jouer la partition «une femme est une femme». Son univers ressemble un peu à celui de Sophie Letourneur, qui a réalisé la Vie au ranch cette année. Un film de filles qui dégueulent, draguent, ont les pieds sales et des culottes qui puent. Letourneur et Antico, qui ne se connaissaient pas, se sont du coup rencontrées et ont des projets de collaboration.
Coney Island Baby, album paru à l’Association en avril 2010, raconte en parallèle la vie des icônes cul Bettie Page, héroïne de photos SM, et de Linda Lovelace, la star repentie de Gorge profonde. Plus récent, Girls don’t cry est une série de saynètes en une planche, avec chute gag. Trois copines s’y débattent avec ce qu’Antico appelle le «métier de femme», conscientes des stéréotypes que la société attend d’elles, sachant en jouer mais pas immunes pour autant aux blessures du désir : «Elles ne sont pas dupes, elles savent très bien quand elles font la fille, mais même si elles pe