Attention, ce livre est bien plus réjouissant que ne le laisserait penser son titre pensum. Les Décennies aveugles (emploi et croissance 1970-2010), signé de l'économiste Philippe Askenazy, reprend le meccano des politiques françaises destinées à lutter contre le chômage et à doper la croissance depuis la fin des Trente Glorieuses. Et en tire un enseignement : «La France ne souffre d'aucun mal spécifique et rédhibitoire.» Et si les gouvernements successifs se sont à peu près tous plantés, c'est de leur faute.
Oui, «dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé», selon la formule célèbre de François Mitterrand. Mais surtout n'importe comment et n'importe quand.
Au contraire d’autres pays qui, à certaines époques (et pas toujours avec constance, certes), ont mis en œuvre des politiques efficaces. Les Etats-Unis ont parié tôt sur les technologies de l’information, l’Allemagne sur l’équipement industriel des pays émergents, etc.
La machine à remonter le temps d’Askenazy permet d’évacuer quelques clichés économiques. Qui sait que la relance socialiste de 1981-1982 fut moins ambitieuse que celle de Jacques Chirac, Premier ministre en 1975 ? Lorsque le gouvernement d’Union de la gauche arrive au pouvoir, en 1981, il trouve un déficit public quasi inexistant, et le laisse à -2,8% du PIB deux ans plus tard. Un chiffre dans les clous des sévères critères de Maastricht…
Qui se souvient que c’est Martine Aubry, alors ministre de l’Emploi de Pierre Bérégovoy, e