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Libération

Pierre Brossolette, héros de conduite

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publié le 29 janvier 2011 à 0h00

Les héros sont toujours incommodes. Ils ont deux qualités en apparence opposées, en fait complémentaires ; Pierre Brossolette les réunissait au plus haut point, hérissé toute sa vie, héroïque dans la mort.

Editorialiste au Populaire avec Blum, socialiste pacifiste mais antimunichois, résistant de 1940, maître de l'action clandestine, gaulliste fiévreux, théoricien inattendu, il est mort après des journées de torture avenue Foch, sans rien avouer à la Gestapo. On avait laissé une fenêtre ouverte ; tout de volonté solidaire - il avait peur de craquer alors qu'il en savait trop sur la Résistance -, il a laissé choir son corps martyrisé qui s'est fracassé sur le pavé salvateur. Son âme et sa vaillance dominent encore l'histoire de l'armée des ombres, comme un frère flamboyant et rebelle de Jean Moulin, négligé parce que ses vues politiques dérangeaient. Eric Roussel, historien accompli, biographe du Général et de Pompidou, raconte l'histoire de cet étincelant personnage de tragédie, mort comme il a vécu, en homme qui n'a jamais rien cédé.

A l’agrégation d’histoire, Pierre Brossolette, le plus brillant de sa promotion, juge que le sujet donné ne vaut rien. Convoqué pour un long exposé, il déclare avec fracas que l’affaire - une question étroite et moyenâgeuse - ne justifie pas plus de sept minutes, quand on attend une heure de discours charpenté. Il s’arrête à la seconde dite, en insolent plus érudit que ses maîtres. Le jury reconnaît son erreur, reçoit l’élève et bannit l