Elle s’appelle Zoubida, exige de se faire entretenir et n’est plus de première jeunesse, mais Youcef est prêt à tout pour la conserver. Zoubida est fidèle, pas compliquée, toujours à l’écoute, on peut même lui ramener des copains bourrés à 4 heures du matin, sans qu’elle fasse de remarques.
Dans le Mécano du vendredi, Fellag raconte une histoire d'amour entre un homme et sa voiture, en l'occurrence une Renault 4 qui a des problèmes de batterie, d'essuie-glace, de pompe à eau et de vilebrequin. Nous sommes à Alger en 1988 et l'ouvrage de l'écrivain, acteur et humoriste algérien, est un objet étrange : un livre d'images, dans tous les sens du terme. D'abord parce qu'il est illustré par un dessinateur, Jacques Fernandez, qui a visiblement pris beaucoup de plaisir à croquer Zoubida sous tous les angles, et au-delà les rues d'Alger, au soleil ou sous des trombes d'eau, ainsi qu'une flopée de personnages pittoresques.
Ensuite parce que Youcef, le héros du livre, qui revient de Moscou où il a fait des études de cinéma, à défaut de pouvoir tourner pour de bon n'arrête pas de se faire des films dans sa tête, tout en écoutant en boucle le Concierto de Aranjuez sur le radiocassette trafiqué.
Enfin, car l’époque à laquelle renvoie l’histoire, aussi grise soit-elle (chômage, corruption et avenir bouché), prend presque des allures d’âge d’or, quand le pire - islamisme et terreur - n’était pas encore advenu. L’humour de Fellag adoucit tout et transforme l’absurdité