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Libération
Critique

Une junte fatale pour la top rebelle

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Philippe Broussard retrace le destin de Marie-Anne Erize, l’une des 20 000 disparus de la dictature argentine.
publié le 12 février 2011 à 0h00

Il est midi ce vendredi 15 octobre 1976 à San Juan, petite ville située à mille kilomètres à l’ouest de Buenos Aires. Depuis le coup d’Etat du général Rafaël Videla, sept mois plus tôt, la junte militaire au pouvoir a introduit les «disparitions» d’opposants comme méthode de gouvernement et le pillage du pays comme doctrine économique. Marie-Anne Erize, 24 ans, une jolie fille aux profonds yeux verts et aux cheveux châtains, vient récupérer le vélo déposé chez le réparateur pour un problème de freins.

A la sortie du magasin, elle est violemment poussée par deux hommes à l’arrière d’une Ford Falcon, le véhicule favori des tueurs du régime qui apprécient le coffre profond où ils jettent leurs victimes. La suite se perd en sordides conjectures. Battue, traînée au centre de torture La Marquesita, violée probablement, assassinée certainement. Son corps n’a jamais été retrouvé.

Marie-Anne fait partie des quinze ressortissants français «disparus» durant les années de plomb argentines, simples gouttes d'eau tricolores dans la liste des 20 000 morts et disparus de la dictature (1976-1983). Le journaliste Philippe Broussard a rencontré la mère de la jeune fille, Françoise, lors d'un reportage en Argentine un quart de siècle après les faits.Il s'est ensuite obstiné à un travail de fourmi, sollicitant sans relâche témoins, avocats, membres de la famille et amis de la jeune disparue. Il a même traqué et retrouvé son principal tortionnaire qui attend un hypothétique procès en prison. Il s'e