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Libération
Critique

Des médicaments à l’appel

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Avec le Résiston, tous les maux s’en vont : les aventures d’une molécule traître
publié le 17 février 2011 à 0h00

Tout est affaire d'abricot. Car c'est bien à cause de maudits abricots que la vie de Louis Lémure, héros de Retrait de marché, va basculer, avec celle de centaines d'autres gens. Dans l'horreur. A cause d'abricots et de bien d'autres approximations, précipitations, avidités, qui révèlent les coulisses d'un laboratoire pharmaceutique sans scrupule ni éthique, relayé par des fonctionnaires de santé corrompus. Empressés tous de mettre sur le marché un antibiotique avant leurs concurrents américains.

Zigouiller. L'histoire se passe quelques années après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Chacun sait combien les guerres servent le progrès scientifique, qui profite aux civils après que les soldats en ont essuyé les plâtres. Début des années 50 donc, le monde de la recherche s'échine à fabriquer un antibiotique à spectre large qui inonderait la planète, et damerait le pion à la «péni» (comprenez pénicilline, un brin has been). Louis Lémure, ingénieur aux laboratoires Caducée de Saint-Ouen, sommé par son directeur de trouver et non plus de chercher, se persuade, un peu vite, d'être l'inventeur de cette panacée : il prétend avoir mis au point une molécule miracle capable de tout zigouiller, un médicament fièrement baptisé Résiston. Tout le monde aura immédiatement à l'esprit les Mediator, Distilbène, Thalidomide, talc Morange et autres scandales qui firent tant d'innocentes victimes. En ce mois de mars 1952, «beaucoup de Français n'ac