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Libération

Antiquité de la sodomie

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publié le 24 février 2011 à 0h00

Les écrivains aiment parfois évoquer la littérature. Certains le font bien. Mais, depuis les Lettrines de Julien Gracq, rien de vraiment passionnant n'avait été publié sur le sujet. Cette période de disette vient de prendre fin avec l'interview qu'Emma Becker a donnée au site Fluctuat.net. Cette jeune femme de 22 ans est l'auteure d'un premier roman, Mr, qui conte la passion dévorante et charnelle d'une fille de 18 ans pour un chirurgien de 42 ans (Libération du 24 janvier). L'interview est titrée : «La sodomie, c'est vieux comme le monde.»

Il semble qu'effectivement l'on s'encule depuis la nuit des temps, mais le cœur du propos n'est pas là. L'important, c'est donc la littérature. A Emma, Fluctuat fait naturellement remarquer : «Comme Madame Bovary, l'héroïne de Mr est d'une certaine manière perdue par son goût de la littérature.» Ce à quoi Emma répond sans louvoyer : «Un livre, ça fait réfléchir à des trucs auxquels on n'aurait jamais pensé. Avant de le lire, personne ne peut dire que Sade, c'est bandant.» Plus loin, Emma discourt avec la même élégance sur l'œuvre de Nabokov. «Le truc novateur [dans Mr, ndlr], c'est que c'est la gamine qui parle, pas le vieux mec comme dans Lolita. Je sais que plein de gens se fieront à certains articles et se diront : "Tiens, c'est une de ces énièmes gamines de 20 ans qui a pondu un bouquin sur le fait qu'elle baise." C'est sûr que ça donne pas trop envie de lire.» Or