Depuis les années 70, les historiens ont mis en évidence la baisse progressive des violences interpersonnelles dans l'Europe moderne. Homicides et assassinats sont nettement moins nombreux au XVIIIe qu'au XVIe siècle. Pour expliquer ce recul, ils ont le plus souvent mobilisé la théorie du «procès de civilisation» de Norbert Elias expliquant l'évolution des mœurs comme le résultat d'une transformation de l'Etat, qui s'arroge le monopole de la violence privée, et surtout d'un meilleur contrôle de leurs pulsions par les individus. C'est contre cette interprétation qu'il estime trop partielle que Michel Nassiet construit son ouvrage. Son modèle n'est pas Elias mais Emile Durkheim. Comme lui, il privilégie la dimension sociologique. C'est l'attachement de l'individu à un groupe, en particulier la parenté, qui génère la violence. A l'inverse, c'est l'émergence de la notion de personne et la montée de l'individu qui expliquent son recul. Ce livre se veut donc «une histoire de l'émancipation de l'individu à l'égard des contraintes collectives, une contribution à l'histoire du processus d'individuation».
Ubiquité. Michel Nassiet porte son regard sur le XVIe siècle en utilisant les lettres de rémission, source très riche puisque ces lettres de pardon accordées par le roi à des meurtriers décrivaient dans le détail le crime commis. Elles montrent l'ubiquité de la violence dans la société du XVIe siècle dont u