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Libération
Interview

«Nous avons la vie trop belle»

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Rencontre avec Ron Leshem
publié le 24 février 2011 à 0h00

Les fêtes et les réunions clandestines, l'alcool et la drogue, la fac et les pasdaran qui surveillent, les couples qui s'enlacent dans les parcs, les virées à la mer, la musique et les livres interdits. Niloufar raconte la vie de jeunes Téhéranais d'aujourd'hui : Kami, l'étudiant qui débarque de province, Babak, l'homosexuel qui n'aime que les soldats, Niloufar, la fille d'un riche député, et quelques autres encore. Le récit nous donne des descriptions hyperréalistes de l'immeuble Nokia de la rue de Bucarest, des vêtements orange dans les vitrines, des skateurs de l'avenue Jordan ou d'un restaurant azéri qui sert du pied de mouton aux aubergines et au safran.

Comment vivre dans une dictature où tout, ou presque, est interdit ? Dans Niloufar, il est question de ce qu'on peut refuser ou accepter, de résistance et d'apathie, mais aussi d'amour, de course automobile, de yoga, de chats capricieux, d'une ex-star de cinéma condamnée au silence, du hip-hop rebelle de Reza Pishro et surtout de ce qu'on peut faire sur Internet. C'est drôle, inspiré, poétique, imaginatif.

Le plus étonnant, c'est que ce roman de la jeunesse iranienne des années 2000 a été écrit par un Israélien, Ron Leshem, qui avait déjà publié Beaufort, dont les personnages, des soldats commandos de Tsahal, lui étaient à peu près aussi étrangers que ces jeunes Téhéranais. L'émotion, presque poignante, qui surgit parfois tient peut-être à cette barrière infranchissable entre l'auteur et ses per