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Libération

Roman avec amphétamines

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publié le 3 mars 2011 à 0h00

C'est une de ces ironies dont l'actualité n'est pas avare. Quelques jours après la mort de François Nourissier, dont le Parkinson avait été diagnostiqué dès 1995, était révélée une étude scientifique établissant que les consommateurs d'amphétamines couraient de plus forts risques que les autres de développer la tragique maladie. L'ancien patron du jury Goncourt n'avait pas fait mystère de son goût pour le speed, il avait même prêté à ce produit de grandes vertus. En 2002, à Jérôme Garcin qui lui demandait s'il avait gardé l'habitude de «doper le cheval», Nourissier faisait cette réponse radicale : «Tout au long de ma vie, j'ai utilisé avec délectation les excitants, le speed, les accélérateurs. Je leur dois les quelques pages convenables que j'ai écrites. Je ne renie rien des risques graves que j'ai ainsi encourus.»

En 2002, le lien amphètes/Parkinson n'était pas formellement établi, mais on se doutait bien que Corydrane, benzédrine et dexedrine n'étaient pas d'une totale innocuité. Aujourd'hui, une étude américaine vient donc montrer que les adeptes du speed ont 60% de chances en plus de finir avec une fatale tremblote. Le sachant, Nourissier eût-il changé de comportement ? Vraisemblablement pas, même si en 2008, dans Eau-de-feu, il commençait à s'interroger : «Aujourd'hui que sont venus le temps de payer et celui de ramasser les modestes gains accumulés, à l'émerveillement devant l'effet des excitants, et à la peur devant leur nocivit