On tremble dans les rangs à l'annonce de la sentence qui ouvre la conférence de rédaction : «Il n'y aura pas de chaises pour tout le monde.» C'est qu'ils sont venus en masse, ces amis écrivains, et on se demande s'ils n'auraient pas mieux fait de rester chez eux. Car le moment est mal choisi. Et l'ambiance est un peu agitée ; la grande question étant de savoir si la gravité de la situation au Japon nécessite ou non une entorse au principe qui veut que les journalistes, pour ce numéro particulier, s'effacent totalement derrière leurs hôtes du jour. Il y a les pour, et il y a les contre. Quand le directeur rappelle pour la troisième fois que l'objectif du journal c'est l'information, un affectueux «calme-toi, mon lapin» se fait entendre parmi ses collaborateurs.
Il est finalement décidé qu'une ou deux exceptions à la règle seront consenties étant donné les événements : l'axe de la Terre en a tout de même pris un sacré coup. A propos de coup (car il y a ceux que l'on prend, mais aussi ceux que l'on tire), le portrait de Marine Le Pen en inquiète certains : «On va avoir des problèmes, non ?» Et l'auteur s'empresse de corriger quelques approximations qui émaillent les commentaires : «Enfin, il n'est absolument pas question de sodomie. Ce ne serait pas catholique…» Voilà qui permet de détendre l'atmosphère, et, ce qui au départ était perçu comme un obstacle, s'apprête à être transformé en atout.
Ainsi, pour traiter du nucléaire, on se tourne vers