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Critique

Livres. Vient de paraître...

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Une sélection du service Livres de Libération
par Alain Claude Sulzer, «Une autre époque» (Jacqueline Chambon, 2011), Sophie Avon, «les Belles Années» (Mercure de France, 2010), Mélanie Vincelette, «Polynie» (Laffont, 2011), David Homel, «le Droit chemin» (Actes Sud, 2011) et Ramon Diaz Eterovic, «l’Obscure Mémoire des armes» (Métailié, 2011)
publié le 17 mars 2011 à 0h00

Romans

Peggy Mädler Legende vom Glück des Menschen (La Légende du bonheur de l’homme)

«Le sentiment de satisfaction est une chose à ne pas sous-estimer», écrit Peggy Mädler, qui avait 13 ans à la chute du Mur. En évoquant à la fin de son livre cette variante un peu douteuse du bonheur, ce n'est pas à elle-même qu'elle pense mais à ses grands-parents et parents. Les uns comme les autres ont vécu la majeure partie de leur existence sous une dictature. Heureux ou satisfaits ? Du bonheur de l'homme, ainsi était intitulé un ouvrage que les citoyens méritants de la RDA recevaient en récompense de leur bon travail. Que l'Etat administrât même le bonheur, cela allait alors de soi, du moins tant qu'on ne posait pas de questions. Ce n'est qu'après 1989 que Peggy Mädler a appris que le monde extérieur, à cette époque-là, se constituait de ce qu'on n'entendait pas et de ce qu'on ne disait pas.

Son livre témoigne aussi de la façon dont la couche de mensonges s’est peu à peu détachée d’elle. Elle focalise son regard sur les tentatives plus ou moins couronnées de succès des grands-parents et parents d’ignorer, en privé, les interdits et mensonges qui déterminaient leur vie. La petite-fille ne conteste pas qu’on ait pu là aussi trouver du bonheur ou de la satisfaction, mais la qualité et la signification de ces mots sont modifiées sous l’effet de son regard empathique et critique. La tonalité fondamentale de cette recherche a beau être élégiaque, elle ne génère pas un sentiment d