Qui pourrait oublier Vivien Leigh ou Blanche DuBois dans la version filmée (1951) d'Un tramway nommé Désir ? Belle, subtile, retorse et tragique, elle incarne le vieux Sud de Tennessee Williams, ses rêves brisés et sa fragilité. Un demi-siècle plus tard, à Broadway, dans une production théâtrale très actuelle, Natasha Richardson, l'actrice qui joue Blanche, a «le physique rassurant de la belle blonde immaculée que l'on associe aux capitaines des équipes féminines de hockey», note Daniel Mendelsohn dans une de ses critiques pour la New York Review of Books. Pourquoi ? Parce que la représentation de la femme dans l'œuvre du dramaturge a subi une torsion idéologique. Désormais, toute femme est forte. C'est «l'image héroïque [convenue] que nous attendons aujourd'hui de la féminité.»
En France, on connaît l'écrivain américain, Daniel Men- delsohn, essentiellement comme l'auteur des Disparus (prix Médicis Etranger 2007), un immense récit et une enquête sur l'histoire et le destin d'une partie de sa famille juive exterminée par les nazis en Pologne. Aux Etats-Unis, il est également apprécié pour son activité de critique. Si beau, si fragile rassemble plus d'une vingtaine de ses articles, une suite d'essais consacrés au théâtre, au cinéma et à la littérature. Helléniste, lecteur amoureux des historiens grecs, Hérodote et Thucydide, on demande parfois à Mendelsohn d'aller au cinéma voir des productions hollywoodiennes.
Kitch