Salon de la Foire du livre de Brive, 2009.
Je nous revois serrés dans le train à victuailles, départ gare Montparnasse. L’idée des organisateurs est de saouler les auteurs à la gentiane pendant quatre heures et demie, qu’on ait l’air content à l’arrivée de se faire enfermer dans un hangar tout le week-end à jouer au VRP de soi-même. Des gens attentionnés.
Sur le stand Gallimard, une poignée de jeunes filles douces au toucher gazouille autour de David Foenkinos. Je repense à ce que disait Ravalec dans son livre l'Auteur : sortir un livre et enfin pouvoir coucher avec des femmes un peu moins tartes que d'habitude. Tout un monde nouveau d'autosuffisance sexuelle. David, lui, en est à son six ou septième opus, il n'a plus ce genre de problème, l'amour est comme un fait acquis, il signe avec décontraction.
Une petite femme, la soixantaine, trapue, garçonne, avec de beaux yeux bleus, se faufile dans le vide laissé devant ma table. «Ça va alors, pas trop dur ?» me dit-elle. «C'est votre premier roman ?» Je me lève de mon siège et la regarde bien dans les yeux : «Tout à fait, oui, madame, déjà un gros succès, je ne dis pas ça parce que c'est moi qui l'ai écrit, mais le livre est excellent, il y a même des dessins dedans, vous allez adorer, on rit on pleure, beaucoup de scènes osées, des fours à micro-ondes qui lisent l'Education sentimentale, toute une philosophie déjantée pour 20 euros en 350 pages, je vous assure que vous ne se