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Libération

Umberto Eco

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Le nom du complot
par Giorgio Pressburger, «Dans l’obscur royaume» (Actes Sud, en librairie le 6 avril)
publié le 17 mars 2011 à 0h00

Le dernier livre d'Umberto Eco, le Cimetière de Prague, est un grand succès éditorial : sept éditions en un mois ! A la publication du Nom de la rose, le premier roman de ce grand écrivain italien, tout le monde, y compris l'auteur, fut stupéfait. «C'est quoi, ce phénomène ?» se demandait-on. «Pourquoi un tel livre, érudit et difficile à comprendre, obtient-il un tel succès ?» Pendant des années, on a lancé les hypothèses les plus étranges, certains allant jusqu'à parler d'un succès de vente, mais non de lecture. On disait que beaucoup avaient acheté ce livre pour montrer à leurs amis qu'ils l'avaient chez eux, et qu'ils l'avaient peut-être lu. En fait, les vraies raisons, intrinsèques, existaient, et pouvaient s'expliquer.

Avec son livre, Eco avait interpellé une partie des lecteurs «au chômage», à l’époque. A ce moment-là, la classe moyenne manquait de héros, dans ses lectures. Et elle venait de s’en trouver un, en la personne d’un homme extrêmement cultivé, auteur de plusieurs essais novateurs, découvreur de nouveaux filons en matière d’outils de savoir et de connaissance. En Italie, il était le champion incontesté de la sémiologie, du structuralisme, de la proxémique. Et brusquement, il était devenu le champion incontesté en matière de roman. Un essayiste qui devient amuseur, son roman, réceptacle de clins d’œil littéraires, philosophiques, scientifiques, qui devient un nouveau genre littéraire ! Mais à qui s’adressait l’auteur de ce livre ? A cette clas