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Libération
Critique

Convocation. Du cachet au cachot

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publié le 19 mars 2011 à 0h00

Le document avait la forme d'une lettre repliée sur elle-même au dos de laquelle on inscrivait le nom et l'adresse du destinataire. Une bande de papier maintenue par un sceau imprimé dans de la cire rouge scellait la missive. Seule la personne concernée avait le triste privilège de faire sauter le «cachet» pour prendre connaissance de l'injonction royale toujours lapidaire : «Monsieur, je vous fais cette lettre pour vous dire de vous rendre à tel endroit…» S'en suivaient une convocation, un exil, un emprisonnement dont la durée était laissée à la discrétion du souverain. Des peines variant de quelques semaines dans un château de province, entouré de ses proches, à une vie entière au fond d'une geôle humide, le visage couvert par un masque de fer (qui en fait était en tissu)…

Symboles de l’arbitraire de l’Ancien Régime, les lettres de cachet sont sans doute nées avec la monarchie. Le chercheur Claude Quétel leur consacre un livre original qui met à mal bon nombre d’idées reçues sur le sujet. Voyageant de la Bastille aux cellules du Mont Saint-Michel, on apprend ainsi que ces fameuses lettres furent finalement peu nombreuses (quelques centaines par an à comparer aux milliers de condamnations envoyant aux galères les gens du peuple), souvent bénignes, efficaces et discrètes au point que, dans l’immense majorité des cas, c’étaient les familles elles-mêmes qui les réclamaient pour mettre à l’ombre quelque temps un rejeton dissipé ou un grand père libertin. Réservées à l’a