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Libération
Critique

L’Afrique largue les amarres

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Un essai passionné par l’ex-patron audiovisuel Hervé Bourges.
publié le 19 mars 2011 à 0h00

En ces temps de révoltes arabes, ce livre sonnerait presque comme un appel. Ou un avertissement. Hervé Bourges, ancien patron de radio et de télévision, a fait beaucoup de choses dans sa vie, mais s’il est une chose dont il ne s’est jamais départi, c’est bien de son attachement à l’Afrique.

Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à jeter un coup d'œil sur les intitulés des chapitres de son dernier ouvrage : «L'Afrique féconde» ; «l'Afrique en mouvement» ; «L'Afrique en devenir»… Sans oublier celui qui donne son titre au livre : L'Afrique n'attend pas.

De fait, elle ne nous attend pas, prévient Hervé Bourges, et les Français qui se targuent d'avoir une connaissance «intime» du continent noir, comme l'a un jour déclaré Jacques Chirac, risquent d'être rapidement largués s'ils n'y prennent garde.

Une grande partie de son ouvrage est consacrée à la description de cette Afrique qui bouge, même si l’auteur est assez lucide pour ne pas omettre de mentionner les plaies qui retardent son décollage : les conflits sanglants, une économie trop souvent centrée sur l’exploitation des matières premières, la mauvaise gouvernance, etc.

Le tableau est, sinon exhaustif, complet et bien documenté. Mais tout cela, on le savait déjà, et c'est lorsqu'il s'en prend à l'indifférence, voire à une certaine forme de mépris de l'Afrique chez ses concitoyens, qu'Hervé Bourges est le plus percutant. Rappelant que, en 2008, seuls 12% des artistes africains invités en France avaient obtenu leur visa,