Etre invité(e) pour un week-end chez des gens qu'on connaît à peine, quand on est incapable de se comporter comme tout le monde en société, et qu'on préfère rester chez soi à l'abri, quel cauchemar. Dans le cas de Grace, le personnage mis en scène par Janet Frame dans Vers l'autre été, une circonstance imprévue complique la situation. «Savoir quand se lever, quand aller se coucher, quoi dire, où aller et quand, avaient atteint, pour Grace, les limites de l'insoluble : voyez-vous, pendant la nuit, Grace Cleave s'était changée en oiseau migrateur.» Faudra-t-il confier à ses hôtes ce petit problème de métamorphose ?
Antipodes. Janet Frame (1924-2004), immortalisée par son autobiographie, portée à l'écran par Jane Campion sous le titre d'Un ange à ma table, avait estimé que Vers l'autre été, rédigé en deux mois, en 1963, à la fin de ses années londoniennes, ne devait pas être publié de son vivant. Il y a bien des points communs entre ses mémoires et ce roman posthume (1). Pourquoi le trouvait-elle «embarrassingly personal» ? Parce qu'elle-même ressemblait beaucoup à Grace Cleave, une Néo-Zélandaise exilée aux antipodes, et que celle-ci craint de passer pour folle ? Parce que Grace Cleave, parmi les réminiscences envahissantes de son pays natal, se souvient du désordre que c'était dans son enfance, et que la famille disait de sa mère : «Lottie ne sait absolument pas tenir une maison» ? Peut-être Janet